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Affichage des articles du 2014

Chère Bucarest / Draga Bucuresti

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Chère Bucarest, Après plus de six années passées à tes côtés, le temps est venu de t'écrire cette lettre qui te parviendra au détour d'une rue, d'un kiosque à fleurs ou d'un marchand de covrigi. Je la lâcherai de mon balcon, elle volera et s'arrêtera quand tu seras disposée à la prendre dans tes grands bras désarticulés et à lire cette épître que je t'adresse. Commençons par le début et les présentations, car il serait inconvenable de ne pas me présenter à toi, alors que moi j'ai l'impression de te connaître presque intimement. Toi qui m'accueille depuis plusieurs années, tu ne sais même pas qui je suis, d'où je viens, ce que je fais, et pourquoi j'ai décidé de faire un atterrissage forcé chez toi plutôt que chez un autre. Alors voilà, je suis une jeune femme qui a atterri par hasard sur une planète appelée Bucarest. Née dans un pays que nous appelons France, je me sens aujourd'hui plus roumaine que française et j

Le premier jour de ma nouvelle vie

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1er septembre 2014, veille de rentrée, je fais mon sac comme je faisais mon cartable il y a quelques années. Demain, je retrouverai les élèves que j'ai quittés en juin, ils auront deux mois de plus, ils auront grandi, mûri, mué... Ils feront leur rentrée qui chaque année passant est une autre naissance, le premier jour d'une centaine d'autres qu'ils passeront dans un monde nouveau, différent de l'année d'avant. Je me revois moi aussi ces veilles de premier jour de classe, fébrile et excitée à l'idée de rejoindre l'autre monde, de quitter les vacances d'été qui me paraissaient durer une éternité. Je préparais minutieusement mon cartable en velours rouge et bleu, je glissais ma trousse tâchée d'encre dans la poche avant, et dans la poche arrière, ma règle toute neuve que j'avais moi-même achetée au supermarché, devant faire des coudes aux mamans dont les chariots étaient remplis de fournitures roses et brillantes et d'enfants

Face A - Face B

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Face A l’étoile est mon amie sur elle je peux voler en elle je peux murmurer  mes désirs apeurés la lune est sa confidente l’étoile dit à la lune les désirs qu’elle devait taire la lune répète à l’oiseau l’oiseau toque à ma porte pour me tendre son aile sur lequel je m’endors puis me réveille et comme lui je peux voler tournoyer danser sans jamais m’arrêter sans fatigue ni douleur légère comme l’air je parle avec le vent plaisante avec les arbres joue avec les nuages valse avec les feuilles oubliant les absents ignorant la terre encombrée me gorgeant de l’instant en m’abreuvant de sa rosée ainsi la vie recommence heureuse et entière  ;  une éternelle répétition  du bonheur d'hier.  ———- Face B s’est rêvée écrivant la déclaration d’amour d’une fille à sa mère c’était beau, chaud, doux elle utilisait des mots comme …. aimer,  et..  mais elle a déjà oublié effacé po

De grands yeux sans succès...

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...și iată ca vine înspre noi un tânăr ce semăna a fi și el actor din grupa lui Pascaly, cu părul lung și de culoare neagră foarte frumoasă, cu niște ochi mari, niște ochi expresivi, vorbitori și totodată misterioși. Erau niște ochi din cei mai periculoși pentru inimile neexperte de fete, iar pentru femeile experte erau ochii dorului. In capul unei femei frumoase și tinere, acei ochi ți-ar fi spus de la prima vedere: i-ai văzut și nu-i vei mai uita niciodată, cum nu uită călătorul undele azure ale Fontanei Trevi din Roma veche. In capul acestui tânăr de statură mijlocie, dar bine legat, ei iți făceau impresiunea unui om predestinat, unui om fatal. Erau ochii despre care fericitul Vasile Alecsandru zice că: sunt ochii mari, fara de noroc. ("Mărturii despre Eminescu" de Cătălin Cioabă, editura Humanitas) ... et voilà qu'arrive vers nous un jeune homme qui semblait lui aussi être un comédien de la troupe de Pascaly, doté de très beaux cheveux noirs et longs et de grand

Regarde les hommes tomber

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du monde de l'infini petit mon double se hisse sur la pointe des pieds pour voir les hommes tomber tandis qu'en bas sa moitié attend, déjà tombée depuis longtemps elle accueille les suivants ceux qui ont perdu leur élan des corps descendant des oiseaux dansant une ronde lente  un peu démente du haut comme du bas ces silhouettes forment des bras tendus vers un au-delà loin des pays secs et plats là-bas on dit qu'il y a du rêve on dit aussi qu'on y élève des mondes où des enfants prennent la main sur les parents là-bas les survivants de leurs parents après acceptation de leur dossier intègrent le centre de réparation  pour enfants un peu cassés les critères d'admission sont sans concession refusant les plus de 20 ans les dégâts étant trop importants les non acceptés  doivent ou bien remonter ou bien attendre sur le bas-côté en regardant les autres tomber photo : https://www.flickr.com/

Un bonheur permanent

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c'est un bout de carton juste un bout de carton orné de quelques inscriptions qui ne sont rien au fond et pourtant je ressens  irrépressiblement amoureusement un bonheur un peu gênant le bonheur permanent le droit permanent de rester là où bien je me sens

Ligne d'arrivée / Linia de sosire

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La journée tire à sa fin et mes pas viennent de loin. Ils sont de nouveau incertains. La ressemblance entre la maturité et une haridelle efflanquée est frappante, presque indécente. Nous, on ne fait rien d’autre que de rejouer en boucle absolument tout ce qu’on a déjà vécu une fois. Tout rapprochement non réglementaire nous effraie démesurément. On ne regarde ni devant, ni derrière. Mêmes calculs, mêmes tensions et mêmes plans. Toi tu laves la vaisselle. Moi je prépare quelque chose à manger. On range. Quelques heures plus tard, on reprendra tout depuis le début. Dans le même ordre. Tu me demandes comment je vais. Et je réponds, sans réfléchir: Je voyage pour avoir un endroit d’où revenir. Je lis pour ne pas rester seule. Je me déplace de plus en plus vite pour ne pas m’enliser. Si j’oublie les règles, je suis perdue. extrait de Cours ! d' Ana Maria Sandu Ziua e pe sfîrșite și pașii mei vin de departe.  Din nou sînt nesiguri.  M

"Dans un espoir presque tendre"

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l’hôpital est une église à plusieurs étages  des prêtres en blanc agitant leur stéthoscope comme un encensoir  dans le pronaos des lits en fer  nous nous sanctifions avec des perfusions  portons des cathéters autour du cou  prions dans l’odeur d’iode frêle est notre chair  nous nous fanons comme les feuilles, et les maladies nous emportent comme le vent  tout passe seule la peur est venue s'installer !  nous nous entassons dans le bazar près de l’ascenseur  achetons de tout petites croix chapelets bougies psautiers calendriers colifichets de la foi des chambres d’hôpital  personne ne peut prendre son lit et aller vadrouiller  alors nous collons les icônes sur la faïence avec du leucoplaste nous les accrochons à la prise électrique  nous dormons avec elles sous l’oreiller des livres de prières couvrent les thés amers  les comprimés du soir posés sur des bouts de papier  remplis de prières  des canules scintillent dans leur

Connexion à l'univers

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Je pourrais ouvrir la bouche et cracher la pierre carrée de la nuit. Tel un exercice de parole, au large de la mer, je répéterais chaque vague.  Dans la lumière des phares chaque fenêtre est une suisse d’horloges rythmant  des moitiés et des quarts de temps. Dans la lumière des phares cette ville ressemble à un grand skieur gelé. Un gros paysan bloqué dans une cabine téléphonique connectée à l’univers.  Etendu sur le dos je pourrais regarder la solitude à ton cou, comme une balle  en or. (le mot gelé dans les stalactites d’une entente,  la chute du fruit dans la confiture -  « obscurité intérieure, privation et renoncement à tous les dons ») Je pourrais briser les aiguilles de l’horloge et écrire : « de toute façon, il est plus tard que tu penses… » Me laisser regarder par les objets. Tracé. Lacéré par leur incompréhension à mon égard. Mais les onguents de la nuit sont partis. Au lever du jou